La conjonctive est une fine membrane muqueuse, mobile et semi-transparente qui couvre la surface interne des paupières supérieures et inférieures (conjonctive palpébrale), les surfaces internes et externes de la troisième paupière et la surface antérieure de l’épisclérotique et de la sclérotique (conjonctive bulbaire).
Une conjonctivite est une inflammation de la conjonctive et est fréquemment diagnostiquée en clientèle canine.
Quelles sont les causes de la conjonctivite?
Il y a de nombreuses causes possibles de la conjonctivite, et leur importance relative diffère entre les espèces. Les causes incluent :
Présence de bactéries lors de conjonctivite
Il est important de se rappeler que des bactéries (le plus souvent les bactéries Gram-positif comme les staphylocoques) peuvent être isolées à partir de la conjonctive d’un œil normal de chien, chat et lapin. Ces bactéries peuvent être à l’origine d’infections opportunistes et Staphylococcus spp. est fréquemment isolé dans les cas cliniques de conjonctivite.
Les trois signes cliniques de conjonctivite les plus fréquents sont :
La douleur peut également être présente en cas de conjonctivite, bien qu’il y ait plus souvent un inconfort ou une irritation plutôt qu’une douleur aiguë. Le prurit est fréquent et peut être à l’origine d’une alopécie et d’un érythème péri-oculaires et de la présence de poils colorés et ébouriffés sur les pattes. Le nerf sensitif innervant la conjonctive est issu de la division ophtalmique du cinquième nerf crânien ; les fibres responsables de la douleur sont clairsemées.
Les follicules lymphoïdes peuvent également se multiplier en cas de réponse non spécifique à une stimulation antigénique chronique. Les follicules sont physiologiquement présents sur la surface bulbaire de la troisième paupière mais peuvent être visualisés à d’autres endroits de la conjonctive dans des yeux présentant une inflammation chronique. Un léger épiphora et la formation de follicules peuvent être les seuls signes cliniques d’une conjonctivite allergique peu marquée.
Notons que ces signes cliniques ne permettent pas de poser un diagnostic étiologique ou de différencier les cas de conjonctivite primaire des cas de conjonctivite secondaire. En outre, l’inflammation conjonctivale peut être observée concomitamment à de nombreuses autres maladies oculaires et péri-oculaires, certaines d’entre elles étant graves.
Le diagnostic de conjonctivite repose sur la présence de signes cliniques d’hyperémie, de chémosis, de sécrétion oculaire, d’inconfort / prurit et de formation de follicules.
Un examen complet de l’oeil et un examen clinique général sont essentiels pour essayer d’établir un diagnostic étiologique et pour vérifier que l’inflammation conjonctivale n’est pas le signe d’une maladie oculaire plus grave ou d’une maladie systémique.
Les examens complémentaires pouvant être nécessaires pour identifier la cause de la conjonctivite incluent :
Les prélèvements pour examen cytologique, mise en culture, antibiogramme et recherche de virus / PCR doivent être réalisés avant l’application d’agents topiques tels que la fluorescéine et les anesthésiques locaux. Le test de Schirmer doit également être fait avant l’application de topiques.
Le traitement choisi dépendra évidemment de la(es) cause(s) primaire(s) identifiée(s) et doit reposer sur un diagnostic étiologique.
Les traitements adéquats peuvent consister à corriger chirurgicalement les malformations palpébrales, retirer un corps étranger et traiter les anomalies du film lacrymal. Le retrait des croûtes et exsudats par un nettoyage doux et la pose d’une collerette pour prévenir les traumatismes auto-induits sont également des aspects importants du traitement. Les corticoïdes topiques peuvent être utilisés dans certains (mais attention pas tous) les cas de conjonctivite et représentent une part importante du traitement de la conjonctivite à médiation immune (incluant les allergies).
Les antibiotiques topiques sont recommandés pour traiter les conjonctivites d’origine bactérienne, ou pour limiter la prolifération des bactéries conjonctivales alors que la cause primaire de la conjonctivite fait l’objet d’un autre traitement simultané (comme une correction chirurgicale des malformations palpébrales).
Le choix d’un antibiotique topique doit tenir compte de facteurs tels que les bactéries potentiellement présentes et leur potentiel profil de sensibilité aux antibiotiques ; les aspects pharmacocinétiques, le spectre d’activité et la toxicité potentielle des molécules disponibles ; l’observance des propriétaires et du patient.
La cause primaire de conjonctivite doit toujours être prise en compte avant de prescrire un antibiotique topique. La réponse apparente au traitement antibiotique topique peut fausser le diagnostic. Par exemple, un animal présentant une conjonctivite secondaire à une kératoconjonctivite sèche (KCS) sera amélioré pendant l’application d’antibiotiques topiques. En effet, la prolifération bactérienne (qui est induite par l’anomalie du film lacrymal) sera réduite, et l’excipient contenant l’antibiotique topique aura un effet lubrifiant et calmant. Cependant, la destruction de la glande lacrymale se poursuivra et la conjonctivite récidivera après l’arrêt du traitement avec les antibiotiques topiques car l’œil restera « sec ». Il est important de ne pas attribuer cet « échec » de traitement à une durée inappropriée du traitement antibiotique topique, ou à un mauvais choix de l’antibiotique topique, avant d’avoir au préalable procédé à des examens complémentaires. Il ne faut pas changer un antibiotique pour un autre avant d’avoir considéré au préalable les possibles causes primaires de conjonctivite, et d’avoir procédé à une culture bactérienne et à un antibiogramme si l’infection est toujours la cause primaire suspectée de conjonctivite
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