Les mammites chez les vaches laitières

1. Qu’est-ce qu’une mammite et quelles sont les conséquences en élevage laitier ?

Qu’est-ce qu’une mammite ?

La mammite est une infection de la mamelle d’origine infectieuse (bactéries qui pénètrent dans le trayon) ou d’origine traumatique. C’est la 1ère pathologie de la vache laitière en terme de coût et de temps2.  On estime à 40% le nombre de vaches en production touchées par les mammites1.  


Quelles sont les conséquences d’une mammite en élevage ?

  • Des problèmes de santé et de bien-être en vaches laitières 
  • Une baisse de la production laitière 
  • Une baisse de la qualité du lait 
  • Des réformes précoces ou des mortalités 
  • Des pertes financières et des pertes de temps pour les éleveurs 

Quel est l’impact économique d’une mammite clinique ?

 

120 € de frais directs4

  • Frais vétérinaires
  • Réformes anticipées
  • Lait écarté
  • Baisse de la production laitière 
    • Lors de la mammite
    • Jusqu'à la fin de la lactation

110  € de frais indirects4 :

  • Baisse de la qualité du lait (cellules, baisse du TB) 
  • Augmentation du temps de travail

2. Quels sont les différents types de mammites ?

Les mammites subcliniques

La mammite subclinique est une affection de la mamelle sans symptômes cliniques. Ce type de mammite se caractérise par une augmentation des cellules somatiques dans le lait. Les vaches infectées peuvent avoir une baisse de la production laitière et peuvent être une source de contamination pour les autres vaches. Pour chaque quartier présentant une mammite clinique, il y a une moyenne de 1,2 quartiers adjacents présentant une mammite subclinique.


Les mammites cliniques 

Il existe un premier signe clinique : l’aspect du lait est modifié.

Le lait est modifié, la mamelle inflammée.

Le lait est modifié, la mamelle inflammée et il y a une atteinte de l’état général de la vache.


Les principaux germes responsables des mammites

Germe G+/G-  Majeur/mineur  Modèle 

S. uberis

 

G+ Majeur Mixte

S. aureus

 

G+ Majeur Contagieux de vache à vache

S. dysgalactie

 

G+ Majeur Contagieux de vache à vache

S. agalactie

 

G+ Majeur Contagieux de vache à vache

E. coli

 

G- Majeur Environnemental

SCN

 

G+ Mineur Contagieux de vache à vache

Pour en savoir plus sur les germes responsables de mammites :

S. uberis est un germe d’environnement.

Il est fréquemment retrouvé dans les litières (paille, matières fécales et urines) mais également en quantité importante dans l’herbe de pâtures exploitées de façon intensive.

S. uberis est capable de vivre dans le tissu mammaire de vaches infectées ("vaches à cellules"). Lors de perte de lait, ces bactéries peuvent souiller la litière et en aggraver sa contamination.

S. uberis rentre dans la mamelle par le canal du trayon lors du tarissement (début ou fin de la période sèche) ainsi que pendant la lactation (trayon mal nettoyé lors de la traite ou par l’intermédiaire d’un manchon trayeur contaminé à la suite de la traite d’une vache infectée).

Ce germe se retrouve dans le lait mais peut également adhérer à la surface des cellules productrices du lait et donc ne pas être évacué lors de la traite.  La bactérie peut également s’installer en profondeur dans le tissu mammaire de façon rapide à la suite de la contamination du quartier.


 
S. UBERIS…  OU MAMMITE DE TYPE COLIBACILLAIRE ?


S. uberis provoque des mammites cliniques et subcliniques. Des signes cliniques variés peuvent être observés : inflammation variable du quartier concerné et atteinte possible de l’état général, pouvant évoquer une mammite de type colibacillaire. La guérison n’est pas systématique et les rechutes sont nombreuses.
On observe parfois une augmentation des CCI à plusieurs millions dans les deux à trois mois précédant la mammite clinique. Le retour à des taux normaux n’est pas la règle et dépend principalement de la précocité du traitement.

Escherichia coli (ou E. coli) est un bacille Gram négatif de la famille des entérobactéries.


Son réservoir principal est l’environnement et, principalement, les bouses contaminant la litière des animaux. La litière (paille, bouse et urine) humide ou qui chauffe est le milieu idéal pour la multiplication de cette bactérie. La contamination se fait donc souvent après la traite quand le canal du trayon n’est pas encore fermé, surtout en début de lactation en raison de la faible défense immunitaire des vaches à cette période. Les entérobactéries se multiplient dans la citerne du trayon à la vitesse d’un cycle de reproduction toutes les 20 minutes. E. coli peut également s’installer dans la mamelle au moment du tarissement, au début ou à la fin de la période sèche. La contamination par E. coli a d’ailleurs lieu pendant le tarissement pour la moitié des mammites cliniques à entérobactéries qui se déclarent pendant les 100 premiers jours post-vêlage.


Certaines souches d’E. coli persistent dans la mamelle et peuvent être transmises d’un quartier à un autre lors de la traite. E. coli peut alors se comporter comme une bactérie à réservoir mammaire. En effet, on peut constater la persistance de mammites à E. coli à l’état subclinique jusqu’à 100 jours avant l’expression d’une mammite clinique.


Quand elle s’installe durant la lactation, E. coli provoque dans 9 cas sur 10 une mammite grave avec répercussion sur l’état général de la vache atteinte. Une hyperthermie importante (> 40°C) est souvent constatée. Celle-ci est de courte durée (pas plus de 12h) et est associée à une inflammation marquée de la mamelle.

VOUS AVEZ DIT “MAMMITE TOXIQUE” ?
Le pouvoir pathogène des entérobactéries est en partie associé au lipopolysaccharide (LPS), élément de la paroi de la bactérie libéré à la mort de celle-ci.

Un des constituants du LPS (le lipide A) est également appelé endotoxine. Il est à l’origine de l’endotoxémie et du choc correspondant. On parle ainsi également de “mammite toxique”.

Les staphylocoques coagulase négative (ou SCN) sont un groupe de bactéries dites émergentes : elles sont de plus en plus isolées lors d’analyses bactériologiques. 


Leur cinétique est mixte. En effet, parmi celles-ci, certaines sont présentes sur la peau (du trayon et/ou du trayeur) ou dans les mamelles des vaches infectées, et d’autres sont présentes dans l’environnement.


Ces bactéries atteignent principalement les animaux primipares, l’infestation de la mamelle semble s’effectuer majoritairement chez la génisse avant le vêlage, voire même pendant la phase d’élevage de la génisse. Cela ne les empêche pas d’atteindre également les multipares durant la lactation et, dans une moindre mesure, lors du début de la phase de tarissement.


La plupart du temps, ces germes sont associés à des mammites subcliniques voire cliniques avec des signes modérés (uniquement présence de grumeaux dans le lait infecté). Il est rare que ces germes provoquent des mammites cliniques sévères avec atteinte de l’état général.

AUGMENTATION DU TAUX LEUCOCYTAIRE

Une augmentation du taux de leucocytes est souvent observée (environ 500 000 cellules/mL) avant l'épisode clinique mais elle ne permet pas, dans la grande majorité des cas, de mettre en évidence l'infestation avant l'apparition des signes cliniques.

Staphyloccocus aureus, appelé également « staphylocoque doré » est présent sur la peau des trayons des vaches ainsi que sur la peau du trayeur lui-même. Il se multiplie très facilement dans les blessures des trayons (crevasses, sphincters abîmés, plaies, …).

S. aureus contamine la mamelle principalement durant la lactation, lors de la traite d’un trayon porteur de la bactérie. Il peut contaminer également un quartier par phénomène d’impact ou par extension de lésion du trayon.

En début de tarissement, la contamination peut se faire lors d’un défaut d’hygiène au moment de l’administration d’un tube de tarissement ou dans le cas de perte de lait (sphincter ouvert).

S. aureus provoque des mammites cliniques peu nombreuses et souvent peu spectaculaires, hormis pour la forme gangréneuse. Dans la majorité des cas, les infections sont subcliniques avec des montées leucocytaires. Il est possible que des grumeaux soient visibles mais la plupart du temps, une augmentation du taux leucocytaire est détectable plusieurs mois auparavant (niveaux cellulaires moyens à élevés, très instables).

INVASION DU TISSU MAMMAIRE

S. aureus se retrouve dans le lait, le tissu mammaire, les ganglions ou dans des abcès. Une fois entré dans la mamelle, il peut coloniser le tissu mammaire en 5 jours, contrairement à d’autres bactéries qui restent dans le lait. Cette particularité rend l’accès aux antibiotiques intramammaires et/ou injectables plus difficile.

Si un nodule est palpable dans un quartier atteint, il peut s’agir de la présence d’un micro-abcès.

La réforme de ce quartier est alors préférable à un traitement souvent illusoire.

3. Comment limiter les mammites dans un troupeau ?

Les actions curatives :

Elles éliminent une infection présente.

Exemples d’actions : traitements, tarissements, réformes…

Les actions curatives :

Elles éliminent une infection présente.

Exemples d’actions : traitements, tarissements, réformes…

Les actions préventives : 

Elles limitent les nouvelles infections. Elles résultent des bonnes pratiques de traites et d’élevages en général.

Exemples d’actions :

  • Choix de la  litière : en général, le matériau de litière anorganique (sable ou calcaire) s'avère moins susceptible de transporter une charge élevée de bactéries que le matériau à base de cellulose (sciure de bois, paille ou fumier)

  • Renouvellement régulier de la surface de couchage.

  • Taille et nombre de logette adaptés pour prévenir les traumatismes des trayons et améliorer le comportement couché.

  • Propreté des vaches

  • Réduire le stress thermique

  • Nutrition ajustée, surtout en période sèche

  • Gestion des vaches taries et des vaches en transition

  • Trempage des trayons et équipement de trempage

  • Propreté du bâtiment

Les actions préventives : 

Elles limitent les nouvelles infections. Elles résultent des bonnes pratiques de traites et d’élevages en général.

Exemples d’actions :

  • Choix de la  litière : en général, le matériau de litière anorganique (sable ou calcaire) s'avère moins susceptible de transporter une charge élevée de bactéries que le matériau à base de cellulose (sciure de bois, paille ou fumier)

  • Renouvellement régulier de la surface de couchage.

  • La taille et nombre de logette adaptée pour prévenir les traumatismes des trayons et améliore le comportement couché.

  • Propreté des vaches

  • Réduire le stress thermique.

  • Nutrition ajustée, surtout en période sèche.

  • Gestion des vaches taries et des vaches en transition

  • Trempage des trayons et équipement de trempage

  • Propreté du bâtiment

4. Comment détecter une mammite ?

La détection précoce des mammites subcliniques et cliniques est importante pour réduire le risque de propagation de la maladie au sein du troupeau, pour mettre en place un traitement efficace et pour prendre des mesures de gestion préventives.

Diagnostique clinique en salle de traite : modification de l’aspect du lait avec la présence de « grumeaux dans le lait » . Cette modification du lait peut s’accompagner d’autres symptômes cliniques : inflammation de la mamelle, abattement….

Les mammites subcliniques sont souvent détectées par des enregistrements de données individuelles tels que :

  • CCS :
    • Laiterie
    • Contrôle laitier
    • Leucocytest
    • DCC
    • Robots
  • Mesure de conductivité en robot de traite

Seulement 15 % des cas devraient être traités immédiatement3

Il est possible d’attendre le résultat de l’analyse pour les mammites subcliniques ou les mammites non sévères3 afin de :

• Proposer un traitement adapté au pathogène

• Permettre une réduction importante du nombre de vaches traitées par des antibiotiques (de 50 à 72 %)

• Diminuer le nombre de jours de lait écarté

De plus, attendre le résultat de l’analyse n’aura pas ou peu de différence sur le pourcentage de guérison et de rechute.

Focus Diagnostic : Le livre blanc Dechra SNGTV

Accédez ici au livre blanc de la mamelle, co-écrit par Dechra et la commission de qualité du lait de la SNGTV.

Créé par des vétérinaires praticiens experts du domaine, cet outil d'aide au diagnostic interactif, simple d'utilisation et évolutif vous accompagnera dans la détection de la mammite en abordant les différentes possibilités de diagnostic en ferme et en clinique.

5. Comment traiter la mammite de manière efficace et stratégique ?

Les principaux objectifs du traitement sont :

  • Guérir la maladie actuelle
  • Restaurer la productivité de l'animal malade
  • Eviter les rechutes
  • Prévenir l'infection d'autres animaux

L'utilisation responsable des antibiotiques signifie que les traitements antibiotiques inutiles ou peu efficaces doivent être évités à tout prix.

Avant de commencer un traitement antibiotique, nous devons nous poser quelques questions pour fixer nos objectifs de traitement :

  • Quelle est la gravité de la mammite ?
  • Est-ce une rechute ou une récidive ?
  • Quel âge a cette vache ?
  • Est-ce que je connais les agents pathogènes les plus courants sur ma ferme (agents pathogènes responsables de la mammite) ?
  • Est-ce une 1ère, une 2ème, une 3ème lactation ou plus ?
  • Nombre de quartier(s) infecté(s) ?
  • Le germe a-t-il été identifié ? Est-il résistant ?
  • ….

De nombreux facteurs supplémentaires doivent être pris en compte pour des choix de traitements optimaux. Des consultations fréquentes avec votre vétérinaire prescripteur peuvent aider à peser les différents facteurs.

 

 

  1. Raboisson D, Ferchiou A, Pinior B, Gautier T, Sans P and Lhermie G (2020) The Use of Meta-Analysis for the Measurement of Animal Disease Burden: Losses Due to Clinical Mastitis as an Example. Front. Vet. Sci. 7:149. doi: 10.3389/fvets.2020.00149
  2. Cazeau, G., Botrel, M.-A., Sala, C., Chazel, M., Jarrige, N., Calavas, D., 2009a, Contexte des prescriptions antibiotiques en filière bovine. Résultats de l’enquête Afssa-SNGTV. Bulletin des GTV 49, 55-59.

  3. Lago et al. 2011 – Lago et al. 2016 – Tovar et al. 2016 – Vasquez et al. 2017

  4. idele – prix d’une mammite clinique

Revozyn®

Diatrim®

Hypertonic®

Vetivex® 9

Vetivex® 11

Ketodolor®

Carprodolor®

Meloxidor®

Algenamic®

Paper Ring

Ketodolor®

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